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l’ancien évêque de Mirepoix (Boyer), une pension sur quelque abbaye. Cet évêque, qui faisoit peut de cas des poésies galantes, et qui savoit la vie que menoit cet abbé, lui avoit durement déclaré que, tant que lui (Boyer) seroit en place, il n’avoit rien à espérer ; à quoi l’abbé avoit répondu : Monseigneur, j’attendrai, mot qui courut dans le monde et fit fortune[1]. La sienne consistoit alors en un canonicat de Brioude[2], qui ne lui valoit rien, attendu son absence, et en un petit bénéfice simple à Boulogne-sur-Mer, qu’il avoit eu je ne sais comment.

Il en étoit là lorsqu’on apprit qu’aux rendez-vous de chasse de la forêt de Senart la belle Mme d’Étioles avoit été l’objet des attentions du roi. Aussitôt l’abbé sollicite la permission d’aller faire sa cour à la jeune dame, et la comtesse d’Estrade, dont il étoit connu, obtient pour lui cette faveur. Il arrive à Étioles par le coche d’eau,

  1. Suivant Bernis lui-même (Mémoires inédits, publiés par M. Frédéric Masson, Plon, 1878, 2 vol.  in-8), le mot fut dit en 1741 au cardinal de Fleury, qui le trouva plaisant et qui le répéta.
  2. Bernis était chanoine du chapitre de Brioude depuis 1739. Quant au bénéfice simple que Marmontel place à Boulogne-sur-Mer, il y a certainement confusion avec celui que Bernis obtint en 1749 en Bretagne, dit-il, sans le désigner autrement. Il fut de plus pourvu, en 1755, de l’abbaye de Saint-Arnould de Metz.