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gueur qui, loin de les calmer, les ont envenimées ; mais à présent que les ministres sont renvoyés, et que les hommes qui les remplacent n’ont aucun ascendant ni aucune influence, songez, Madame, que c’est sur vous qu’on a les yeux, et que c’est à vous désormais que s’adresseront les reproches, les plaintes, si le mal continue, ou les bénédictions publiques, si vous y apportez remède et si vous le faites cesser. Au nom de votre gloire et de votre repos, Madame, hâtez-vous de produire cet heureux changement. N’attendez pas que la nécessité le commande, ou qu’un autre que vous l’opère ; vous en perdriez le mérite, et l’on vous accuseroit seule du mal que vous n’auriez pas fait. Toutes les personnes qui vous sont attachées ont les mêmes inquiétudes, et forment les mêmes vœux que moi. »

Elle me répondit qu’elle avoit du courage, et qu’elle vouloit que ses amis en eussent pour elle et comme elle ; qu’au reste elle me savoit gré du zèle que je lui témoignois ; mais que je fusse plus tranquille, et qu’on travailloit dans ce moment à tout pacifier. Elle ajouta qu’elle parleroit ce jour-là même à M. Rouillé, et me dit de venir la voir le lendemain matin.

« Je n’ai rien de bon à vous apprendre, me dit-elle en me revoyant ; la survivance de Moncrif est donnée. C’est la première chose que le