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lois à Paris, étoit de me trouver réuni avec eux. D’Alembert et Diderot étoient contens de mon travail, et nos relations serroient de plus en plus les nœuds d’une amitié qui a duré autant que leur vie ; plus intime, plus tendre, plus assidûment cultivée avec d’Alembert, mais non moins vraie, non moins inaltérable avec ce bon Diderot, que j’étois toujours si content de voir et si charmé d’entendre.

Je sentis enfin, je l’avoue, que la distance de Paris à Versailles mettoit de trop longs intervalles aux momens de bonheur que me faisoit goûter la société des gens de lettres. Ceux d’entre eux que j’aimois, que j’honorois le plus, avoient la bonté de me dire que nous étions faits pour vivre ensemble, et ils me présentoient l’Académie françoise comme une perspective qui devoit attirer et fixer mes regards. Je sentois donc de temps en temps se réveiller en moi le désir de rentrer dans la carrière littéraire ; mais, avant tout, je voulois me donner une existence libre et sûre, et Mme de Pompadour et son frère auroient été bien aises de me la procurer. En voici la preuve sensible.

En 1757, après l’attentat commis sur la personne du roi, et ce grand mouvement du ministère où M. d’Argenson et M. de Machault furent renvoyés le même jour, M. Rouillé ayant obtenu la surintendance des postes, dont le secrétariat étoit