Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques articles. — Je le ferai, lui dis-je, si j’en ai le loisir ; c’est tout ce que je puis promettre. » Quelque temps après il revint à la charge, et avec lui le libraire Panckoucke. Ils me dirent que, pour mettre en règle les comptes de leur entreprise, il leur falloit savoir quelle seroit, pour les gens de lettres, la rétribution du travail, et qu’ils venoient savoir ce que je voulois pour le mien. « Que puis-je demander, leur dis-je, moi qui ne promets rien, qui ne m’engage à rien ? — Vous ferez pour nous ce qu’il vous plaira, me dit Panckoucke ; promettez seulement de nous donner quelques articles, et qu’il nous soit permis d’insérer cette promesse dans notre prospectus, nous vous donnerons pour cela quatre mille livres et un exemplaire du supplément. » Ils étoient bien sûrs que je me piquerois de répondre à leur confiance. J’y répondis si bien que, dans la suite, ils m’avouèrent que j’avois passé leur attente. Mais reprenons le fil des événemens de ma vie, que mille accidens varioient.

La mort du roi venoit de produire un changement considérable à la cour, dans le ministère, et singulièrement dans la fortune de mes amis.

M. Bouret s’étoit ruiné à bâtir et à décorer pour le roi le pavillon de Croix-Fontaine, et le roi croyoit l’en payer assez en l’honorant, une fois l’année, de sa présence dans un de ses rendez-vous de chasse, honneur qui coûtoit cher