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foule auroient été bientôt aussi ennuyeux que fatigans pour moi, si je n’avois pas eu, par intervalles, quelque occupation littéraire moins pénible et plus de mon goût. L’entreprise d’un supplément de l’Encyclopédie, en quatre volumes in-folio, me procura ce délassement.

Il faut savoir qu’après la publication du septième volume de l’Encyclopédie, la suite ayant été interrompue par un arrêt du Parlement, on n’y avoit travaillé qu’en silence et entre un petit nombre de coopérateurs dont je n’étois pas. Un laborieux compilateur, le chevalier de Jaucourt, s’étoit chargé de la partie littéraire et l’avoit travaillée à sa manière, qui n’étoit pas la mienne. Lors donc qu’à force de constance et de sollicitations, l’on obtint que la totalité de l’ouvrage fût mise au jour, et que le projet du supplément eut été formé, l’un des intéressés, Robinet, vint me voir, et me proposa de reprendre ma besogne où je l’avois laissée. « Vous n’avez, me dit-il, commencé qu’au troisième volume ; vous avez cessé au septième ; tout le reste est d’une autre main. Pendent opera interrupta. Nous venons vous prier d’achever votre ouvrage. »

Comme j’étois occupé de l’histoire, je répondis « qu’il m’étoit impossible de m’engager dans un autre travail. — Au moins, me dit-il, laissez-nous annoncer que, dans ce supplément, vous donnerez