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de l’Académie. Ce ne fut qu’au sortir de table que l’évêque de Senlis, me tirant à l’écart, me demanda quel choix nous allions faire. Je répondis loyalement que je croyois tous les vœux réunis en faveur de Bréquigny et de Beauzée. Le maréchal, qui étoit venu nous joindre, se fit expliquer le mérite littéraire de ces messieurs, et, après m’avoir entendu : « Eh bien, dit-il, voilà deux hommes estimables ; il faut nous réunir pour eux. — Puisque telle est votre intention, lui dis-je, Monsieur le maréchal, voulez-vous permettre que j’aille en instruire l’Académie ? Ce sont des paroles de paix qu’elle entendra avec plaisir. — Allez, me dit-il, et prenez dans la cour l’un de mes carrosses ; nous vous suivrons de près.

— Mon ami, dis-je à d’Alembert, ils viennent se réunir à nous ; le maréchal vous fait les avances de bonne grâce ; il faut le recevoir de même. » En effet, il fut bien reçu ; l’élection fut unanime ; et, depuis ce jour-là jusqu’à sa mort, il eut pour moi mille bontés. Ainsi ses portefeuilles furent à ma disposition.

J’avois en même temps, pour les affaires de la Régence, le manuscrit original des Mémoires de Saint-Simon, que l’on m’avoit permis de tirer du dépôt des Affaires étrangères, et dont je fis d’amples extraits ; mais ces extraits et le dépouillement des dépêches et des mémoires qui me venoient en