Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sidération, et qui sont furieux contre elle. C’est l’avocat général Séguier, le dénonciateur des gens de lettres au Parlement ; c’est Paulmy, ce sont quelques autres intrus, qui, mécontens d’un corps où ils sont déplacés, voudroient, avec Séguier ; notre ennemi, former un parti redoutable. Voilà les gens qui tâchent d’aliéner de nous l’esprit du maréchal, pour l’avoir à leur tête et nous nuire par son crédit. Quelle gloire pour lui que de servir ces haines et ces petites vanités ! Vous voyez ce qui lui en arrive. Il obtient que le roi refuse d’approuver l’élection de deux hommes irréprochables. L’Académie réclame contre ce refus, et le roi, détrompé, consent qu’aux deux premières places qui viendront à vaquer ces mêmes hommes soient élus. C’est donc ce qu’on appelle un coup d’épée dans l’eau. Non, Madame, le véritable parti d’un Richelieu à l’Académie, le seul digne de monsieur le maréchal, c’est le parti des gens de lettres. »

Elle trouva que j’avois raison ; et, quelques jours après, le maréchal étant venu dîner à la même campagne, son amie voulut qu’il causât avec moi. Je lui répétai à peu près les mêmes choses, quoiqu’en termes plus doux, et, à l’égard de d’Alembert « Monsieur le maréchal, lui dis-je, d’Alembert vous croit l’ennemi des gens de lettres et l’ami de Séguier, leur dénonciateur, voilà pour-