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Je fus obligé de convenir de ce qu’avoit dit La Ferté ; et, curieux de voir quelle seroit vis-à-vis de moi la contenance d’un homme condamné par sa propre conscience, j’acceptai l’entrevue et me rendis chez lui.

Je le trouvai avec ce même La Ferté, intendant des Menus-Plaisirs, examinant sur une table le plan d’un feu d’artifice. Dès qu’il me vit entrer, il congédia La Ferté ; et, avec une vivacité qui déguisoit son trouble, il me conduisit dans sa chambre. Là, d’une main tremblante, il avance une chaise, et, d’un air empressé, il m’invite à m’asseoir. La duchesse de Villeroi avoit dit à Mlle Clairon que, pour les fêtes de la cour, son père étoit dans l’embarras. Ce mot me revint dans la tête, et, pour engager l’entretien : « Eh bien ! lui dis-je, Monsieur le duc, vous êtes donc bien embarrassé ? » À ce début, je le vis pâlir, mais heureusement j’ajoutai : « pour vos spectacles de la cour » ; et il se remit du saisissement que lui avoit causé l’équivoque. « Oui, me dit-il, très embarrassé, et je vous serois obligé si vous vouliez m’aider à me tirer de peine. » Il babilla beaucoup sur les difficultés d’une pareille commission ; nous parcourûmes les répertoires ; il parut goûter mes conseils, et finit par me demander si, dans mon portefeuille, je n’aurois pas moi-même quelque ouvrage nouveau. Il avoit entendu parler de -