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plus modeste et plus reconnoissant qu’il ne l’a été dans la suite, ne trouvant pas sa réputation assez bien établie encore, me supplia de ne pas l’abandonner. Ce fut alors que je fis Lucile[1].

Par le succès encore plus grand qu’eut celle-ci, je m’aperçus que le public étoit disposé à goûter un spectacle d’un caractère analogue à celui de mes Contes ; et, avec un musicien et des acteurs en état de répondre à mes intentions, voyant que je pouvois former des tableaux dont les couleurs et les nuances seroient fidèlement rendues, je pris moi-même un goût très vif pour cette espèce de création : car je puis dire qu’en relevant le caractère de l’opéra-comique, j’en créois un genre nouveau. Après Lucile, je fis Sylvain[2] ; après Sylvain, l’Ami de la maison[3], et Zémire et Azor[4] ; et nos

    pas voulu être nommé, mais personne ne fut dupe de cette feinte modestie.

  1. Lucile, comédie en un acte et en vers libres, mêlée d’ariettes (Théâtre-Italien, 5 janvier 1769). Cette fois encore Marmontel avait gardé l’anonyme.
  2. Sylvain, comédie en un acte et en vers libres, mêlée d’ariettes (Théâtre-Italien, 19 février 1770).
  3. L’Ami de la maison, comédie en trois actes et en vers libres, représentée pour la première fois sur le théâtre de la cour, à Fontainebleau, le 26 octobre 1771.
  4. Zémire et Azor, comédie-ballet en quatre actes et en vers libres, mêlée d’ariettes, représentée pour la première fois sur le théâtre de la cour, à Fontainebleau, le 14 octobre 1771, et à Paris, au Théâtre-Italien, le 16 décembre suivant.