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contenance que nous eussions résolu de faire, j’ai peine à concevoir comment notre tristesse ne nous trahissoit pas aux yeux de la tante et du futur époux. Heureusement la liberté de la campagne nous permit de nous dire quelques mots consolans, et de nous inspirer mutuellement le courage dont nous avions tant de besoin. En pareil cas, l’amour désespéré se sauve entre les bras de l’amitié ; ce fut notre recours. Nous nous promîmes donc, au moins, d’être amis toute notre vie, et, tant qu’on laissa nos deux cœurs se soulager ainsi l’un l’autre, nous ne fûmes pas malheureux ; mais, en attendant la fatale dispense de Rome, il étoit bon que je fisse une absence ; l’occasion s’en présenta.