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donc, lui disois-je, vous a-t-on élevée pour avoir dans le caractère cette adorable simplicité ? Que vous ressemblez peu à ce que j’ai pu voir de personnes de votre rang ! — C’est, me répondit Mlle Stuart, qu’à votre cour on enseigne aux princes à dominer, et qu’à la nôtre on leur enseigne à plaire. »

La princesse, avant de me quitter, eut la bonté de vouloir que je lui promisse de faire un voyage en Angleterre, lorsqu’elle y seroit elle-même. « Je vous en ferai les honneurs, me dit-elle (ce sont ses termes), et ce sera moi qui vous présenterai au roi mọn frère. » Je lui promis qu’à moins de quelque obstacle insurmontable j’irois lui faire ma cour à Londres ; et je pris congé d’elle et de son digne époux, véritablement pénétré des marques de bonté que j’en avois reçues. Je n’en fus pas plus fier ; mais, dans le cercle du Ridotto, je crus m’apercevoir que j’étois plus considéré. Il semble, mes enfans, qu’il y ait de la vanité à vous raconter ces détails ; mais il faut bien que je vous apprenne qu’avec quelque talent et une conduite honnête et simple on se fait estimer partout.

Quoique Mme de Séran et Mme de Marigny ne fussent point malades, elles ne laissoient pas de se donner fréquemment le plaisir du bain ; et je les entendois parler de leur jeune baigneuse comme d’un modèle que les sculpteurs auroient