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abbé qui ressembloit beaucoup à l’abbé Beau-Génie du Mercure galant[1]. Il venoit de se signaler par un trait de sottise si singulier, si rare, que je ne pouvois pas le croire. « Le croirez-vous, me dit Vaudesir, s’il vous le répète lui-même ? Aidez-moi seulement à l’y engager : vous allez voir. » Vers la fin du dîner, je mis l’abbé en scène en lui parlant de son Académie, et Vaudesir, prenant la parole, en fit un éloge pompeux. « C’est, me dit-il, après l’Académie françoise le corps littéraire le plus illustre et le mieux composé. Tout récemment M. de Contades le fils vient d’y être reçu. C’est monsieur l’abbé qui a parlé au nom de l’Académie, et avec le plus grand succès. — À l’éloge du fils, repris-je, monsieur l’abbé n’a pas manqué d’ajouter l’éloge du père ? — Non, assurément, dit

  1. Une communication bénévole de M. C. Port, membre de l’Institut, archiviste de Maine-et-Loire, me permet de donner quelques indications sur ce personnage resté inconnu à toutes les biographies, et pour cause, car, s’il a écrit quelque chose, il n’a rien fait imprimer, L’abbé Roussille, prieur de Champigné-sur-Sarthe et chanoine de l’église cathédrale (Saint-Maurice), fut élu membre de l’Académie d’Angers le 16 mars 1729. Il en était chancelier en 1760, lors de la réception de M. de Contades (13 août), et c’est alors qu’il dut prononcer sa fameuse harangue, mais le procès-verbal de cette séance manque précisément au registre. L’abbé Roussille mourut vers 1782, car son nom figure jusqu’à cette époque dans l’Almanach d’Anjou. Il avait également le titre d’associé de l’Académie de Lyon.