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trouveroit sur les cinq heures au bord du grand bassin. Je l’y attendis ; et, en l’abordant : « Vous, vous doutez bien, mon ami, lui dis-je, du sujet qui m’amène. Je viens savoir de vous si ce que l’on m’assure est vrai. » Et je lui répétai ce que m’avoit dit d’Alembert.

« Tout cela est vrai, me répondit Thomas ; et il est vrai encore que M. d’Argental m’a signifié ce matin que M. de Praslin veut que je me présente ; qu’il exige de moi cette marque d’attachement ; que telle a été la condition du brevet qu’il m’a fait avoir ; qu’en l’acceptant j’ai dû entendre pourquoi il m’étoit accordé, et que, si je manque à mon bienfaiteur par égard pour un homme qui l’a offensé, je perds ma place et ma fortune. Voilà ma position. À présent, dites-moi ce que vous feriez à ma place. — Est-ce bien sérieusement, lui dis-je, que vous me consultez ? — Oui, me dit-il en souriant, et de l’air d’un homme qui avoit pris son parti. — Eh bien ! lui dis-je, à votre place, je ferois ce que vous ferez. — Non, sans détour, que feriez-vous ? — Je ne sais pas, lui dis-je, me donner pour exemple ; mais ne suis-je pas votre ami ? n’êtes-vous pas le mien ? — Oui, me dit-il, je ne m’en cache pas.


Je l’ai dit à la terre, au ciel, à Gusman même.


— Eh bien repris-je, si j’avois un fils, et s’il