Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’à ce prix et pour l’amour de vous… — Il me servira bien », lui dis-je. Et, en effet, Duclos, ravi de voir d’Alembert revenir à lui, agit en ma faveur aussi vivement que lui-même.

Mais à la mort de Bougainville, et au moment où je me flattois de lui succéder sans obstacle, d’Alembert m’envoya chercher. « Savez-vous, me dit-il, ce qui se trame contre vous ? On vous oppose un concurrent en faveur duquel Praslin, d’Argental et sa femme, briguent les voix à la ville, à la cour. Ils se vantent d’en réunir un très grand nombre, et je le crains, car ce concurrent, c’est Thomas. — Je ne crois pas, lui dis-je, que Thomas se prête à cette manœuvre. — Mais, me dit-il, Thomas y est fort embarrassé. Vous savez qu’ils l’ont empêtré de bienfaits, de reconnoissance ; ensuite ils l’ont engagé de loin à penser à l’Académie ; et, sur ce qu’il leur a fait observer que sa qualité de secrétaire personnel du ministre feroit obstacle à son élection, Praslin lui a obtenu du roi un brevet qui ennoblit sa place. À présent que l’obstacle est levé, on exige qu’il se présente et on lui répond de la grande pluralité des voix. Il est à Fontainebleau en présence de son ministre, et obsédé par d’Argental ; je vous conseille de l’aller voir. »

Je partis, et, en arrivant, j’écrivis à Thomas pour lui demander un rendez-vous. Il répondit qu’il se