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hivers entiers, lorsqu’au tumulte et au bruit de la ville elle préféra le silence et le repos de la campagne. Quel charme avoit pour moi cette solitude, on s’en doute, et je le dirois sans mystère, car rien n’étoit plus légitime que mes intentions et mes vues ; mais, comme le succès n’y répondit pas, ce n’est là que l’un de ces songes dont le souvenir n’a rien d’intéressant que pour celui qui les a faits. Il suffit de savoir que cette retraite tranquille étoit celle où mes jours couloient avec le plus de calme et de rapidité.

Tandis que j’oubliois ainsi et le monde et l’Académie, et que je m’oubliois moi-même, mes amis, qui croyoient les honneurs littéraires usurpés par tous ceux qui les obtenoient avant moi, s’impatientoient de voir dans une seule année quatre nouveaux académiciens me passer sur le corps sans que j’en fusse ému ; tandis qu’à chaque élection nouvelle mes ennemis, assiégeant les portes de l’Académie, redoubloient de manœuvres et d’efforts pour m’en écarter.

En parlant de la parodie de Cinna, j’ai oublié de dire qu’il y avoit un mot piquant pour le comte de Choiseul-Praslin, alors ambassadeur à Vienne. On sait qu’Auguste dit à Cinna et à Maxime :


Vous qui me tenez lieu d’Agrippe et de Mécène.