Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Buffon à ce qui, sans danger et avec bienséance, pouvoit en être lu par eux ; une institutrice attachée aux deux filles, leur enseignant l’histoire, la géographie, l’arithmétique, l’italien, et plus soigneusement encore les règles de la langue françoise, en les exerçant tous les jours à l’écrire correctement ; l’après-dînée, les pinceaux dans les mains de Mme de Montullé, les crayons dans les mains de ses filles et de leur gouvernante, et cette occupation, égayée par de rians propos ou par d’agréables lectures, leur servant de récréation ; à la promenade, M. de Montullé[1] excitant la curiosité de ses enfans pour la connoissance des arbres et des plantes, dont il leur faisoit faire une espèce d’herbier où étoient expliqués la nature, les propriétés, l’usage de ces végétaux ; enfin, dans nos jeux mêmes, d’ingénieuses ruses et des défis continuels pour piquer leur émulation, et rendre l’agréable utile en insinuant l’instruction jusque dans les amusemens : tel étoit pour moi le tableau de cette école domestique, où l’étude n’avoit jamais l’air de la gêne, ni l’enseignement l’air de la sévérité.

Vous pensez bien qu’un père et une mère qui instruisoient si bien leurs enfans étoient très cultivés eux-mêmes. M. de Montullé ne se piquoit

  1. J.-B. -François de Montullé, ancien conseiller au Par-