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LIVRE VII





Mon aventure avec le duc d’Aumont m’avoit fait deux grands biens : elle m’avoit fait renoncer à un projet de mariage formé à la légère, et dont j’ai eu depuis quelque raison de croire que je me serois repenti ; elle avoit mis pour moi dans l’âme de Bouvard les germes de cette amitié qui m’a été si salutaire. Mais ces bons offices n’étoient pas les seuls que le duc d’Aumont m’eût rendus en me persécutant.

D’abord mon âme, que les délices de Paris, d’Avenay, de Passy, de Versailles, avoient trop amollie, avoit besoin que l’adversité lui rendit son ancienne trempe et le ressort qu’elle avoit perdu ; le duc d’Aumont avoit pris soin de remettre en vigueur mon courage et mon caractère. En second lieu, sans m’occuper bien sérieusement, le Mercure ne laissoit pas de captiver mon attention, de con-