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Il étoit, quand je le connus, le secrétaire intime et favori de M. de Machault. C’étoit une liaison que bien des gens m’auroient enviée, mais dont l’agrément faisoit seul le prix dont elle étoit pour moi. Dans le même temps, la fortune, qui se mêloit de mes affaires à mon insu, me fit rencontrer à Versailles la bonne amie de Bouret, fermier général, qui tenoit le portefeuille des emplois, connoissance non moins utile. Cette femme, qui fut bientôt mon amie, et qui l’a été jusqu’à son dernier soupir, étoit la spirituelle, l’aimable Mme Filleul[1]. Elle étoit retenue à souper à Versailles, et j’étois invité à souper avec elle : je m’en excusai en disant que j’étois obligé de me rendre à Paris. Elle, aussitôt, m’offrit de m’y mener, et j’acceptai une place dans sa voiture. La connoissance faite, elle parla de moi à son ami Bouret, et lui donna vraisemblablement quelque envie de me connoître. Ainsi se disposoient pour moi les circonstances les plus favorables au plus cher objet de mes vœux.

Ma sœur aînée étoit en âge d’être mariée ; et,

  1. Marie-Catherine-Irène du Buisson de Longpré, femme de Charles-François Filleul, écuyer, secrétaire du roi, mère de Mme de Marigny, dont Louis XV serait, dit-on, le père (Ch. Nauroy, le Curieux, tome II, p. 177 et 205), et de Mme de Flahaut, qui fut mariée en secondes noces aụ comte de Souza.