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utilement pour eux-mêmes m’avoit fait entreprendre une collection des morceaux les plus curieux des anciens Mercures[1]. Ils en faisoient le choix en se jouant ; et les mille écus nets que me produisoit cette partie de mon domaine se partageoient entre eux.

Nous passâmes ensemble une partie de la nuit à tout disposer pour l’impression du Mercure prochain ; et, après avoir dormi quelques heures, je me levai, fis mes paquets, et me rendis chez M. de Sartine, où je trouvai l’exempt qui alloit m’accompagner. M. de Sartine vouloit qu’il se rendît à la Bastille dans une autre voiture que la mienne. Ce fut moi qui me refusai à cette offre obligeante ; et, dans le même fiacre, mon introducteur et moi, nous arrivâmes à la Bastille[2]. J’y fus reçu dans la

  1. Choix des anciens Mercures, avec un extrait du Mercure françois. Paris, Chaubert, 1757-1764,108 vol.  in-12 et une Table générale, 1765, in-12.
  2. Les documents sur cet épisode capital de l’existence de Marmontel ne manquent pas, mais ils sont singulièrement dispersés. Dès 1829, J. Delort, dans son Histoire de la détention des gens de lettres à la Bastille et à Vincennes, faisait connaître quelques lettres provenant, semble-t-il, des archives de la Bastille et relatives à l’entrée et à la sortie de Marmontel. En 1835, Mommerqué communiqua au Bulletin de la Société de l’histoire de France un dossier beaucoup plus important, extrait, selon toute apparence, de ces mêmes archives, entassées alors dans les caves et dans les combles de l’Arsenal, et qui, depuis, n’y a pas fait retour. Ce dossier renfermait la lettre de Marmontel au duc d’Au-