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j’y consens. Qu’avez-vous à me dire ? — Que je n’ai rien fait, Monsieur le duc, qui mérite l’accueil sévère que je reçois de vous, qui avez l’âme noble et sensible, et qui jamais n’avez pris plaisir à humilier les malheureux. — Mais, Marmontel, comment voulez-vous que je vous reçoive, après la satire punissable que vous venez de faire contre M. le duc d’Aumont ? — Je n’ai point fait cette satire ; je le lui ai écrit à lui-même. — Oui, et dans votre lettre vous lui avez fait une nouvelle insulte en lui rendant, en propres termes, le conseil qu’il vous avoit donné. — Comme ce conseil étoit sage, je me suis cru permis de le lui rappeler ; je n’y ai pas entendu malice. — Ce n’en est pas moins une impertinence, trouvez bon que je vous le dise. — Je l’ai senti après que ma lettre a été partie. — Il en est fort blessé ; il a raison de l’être. — Oui, j’ai eu ce tort-là, et je me le reproche comme un oubli des convenances. Mais, Monsieur le duc, cet oubli seroit-il un crime à vos yeux ? — Non, mais la parodie ? — La parodie n’est point de moi, je vous l’assure en honnête homme. — N’est-ce pas vous qui l’avez récitée ? — Oui, ce que j’en savois, dans une société où chacun dit tout ce qu’il sait ; mais je n’ai pas permis qu’on l’écrivît, quoiqu’on eût bien voulu l’écrire. — Elle court cependant. — On la tient de quelque autre. — Et vous, de qui la tenez--