Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lorsqu’au son de la cloche pour le dîner je descendis, je le trouvai qui, clopin-clopant, étoit lui-même descendu affublé de fourrure, et qui, avant qu’on fût assemblé, lisoit à La Ferté et à Rosetti ce qu’il m’avoit lu le matin, et quelques vers encore qu’il y avoit ajoutés. À cette seconde lecture, je retins aisément ces malins vers d’un bout à l’autre, aidé par les vers de Corneille, dont ils étoient la parodie, et que je savois tous par cœur. Le lendemain, Cury avança son ouvrage, et j’en fus toujours confident ; si bien qu’à mon retour à Paris j’en rapportai une cinquantaine de vers bien recueillis dans ma mémoire.

Je sais qu’en roulant dans le monde la pelote s’en est grossie ; mais voilà tout ce que je crois avoir été de la main de Cury. Je dois ajouter que dans ces vers il n’y avoit pas une seule injure, et j’en ai vu des plus grossières dans les copies infidèles qui s’en étoient multipliées.

Dans ces copies on avoit pris en gros l’idée de la parodie ; mais les détails en étoient presque tous altérés et défigurés. Il y avoit même des morceaux qui, n’étant pas calqués sur les vers de Corneille, avoient absolument échappé aux copistes. Par exemple, en contrefaisant cette manière d’opiner qui avoit valu à d’Argental le nom de Gobe-Mouche, ils avoient bien enfilé des mots vides de sens ; mais, dans ces mots entrecoupés, il n’y avoit