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de la conduite de Le Kain, et démentir les bruits que faisoit courir sa cabale, lorsque le duc d’Aumont, qui la favorisoit, m’avoit fait imposer silence. J’avois donc bien aussi quelque raison de ne pas l’aimer.

Cury, dans son malheur, avoit conservé pour amis ses anciens camarades dans les Menus-Plaisirs. L’un d’eux, avec lequel j’étois particulièrement lié, Gagny[1], amateur de peinture et de musique françoise, et l’un des plus fidèles habitués de l’Opéra, avoit pris pour maîtresse une aspirante à ce théâtre, et il vouloit qu’elle débutât dans les grands rôles de Lully, à commencer par celui d’Oriane[2]. Il nous invita, Cury et moi, et quelques autres amateurs, à aller passer les fêtes de Noël à sa maison de campagne de Garges[3], pour y entendre la nouvelle Oriane et lui donner quelques

  1. Barthélemy-Augustin Blondel de Gagny (1695-1776), trésorier de la Caisse des amortissements, possesseur de l’un des plus curieux et des plus riches cabinets du XVIIIe siècle ; voir les appendices du Livre-Journal de Lazare Duvaux, publié par M. L. Courajod pour la Société des bibliophiles français (1873, 2 vol.  in-8), et les Amateurs d’autrefois, par Clément de Ris (1877, in-8).
  2. Mlle Saint-Hilaire débuta dans Amadis le 30 décembre 1759. Voir le compte rendu de Marmontel, Mercure, année 1760, page 197.
  3. Garches (Seine-et-Oise). Clément de Ris assurait (en 1868) qu’une partie du pavillon de Blondel de Gagny subsistait encore.