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de poste avec un médecin habile, et M. d’Hérouville fut sauvé. Il s’étoit déjà pris pour elle de cet enthousiasme qui, dans les vieillards à tête vive, ressemble beaucoup à l’amour. Le service qu’elle lui avoit rendu ne fit qu’y ajouter encore. Il l’avoit vue à la tête de sa maison y rétablir l’ordre et le calme, rendre l’espérance à ses gens à qui le vert-de-gris déchiroit les entrailles, le rassurer lui-même, et, de concert avec le docteur Malöet[1], faire au moral, de son côté, son office de médecin. Tant de zèle et tant de courage l’avoient ravi d’admiration ; et, dès qu’il fut hors de danger, il ne sut lui exprimer sa reconnoissance qu’en lui disant, comme Médor à Angélique[2] :


Vous servir est ma seule envie :
J’en fais mon espoir le plus doux :
Vous m’avez conservé la vie ;
Je ne la chéris que pour vous.

    lieutenant général (1713-1782), auteur du Traité des Légions, publié d’abord sous le nom de Maurice de Saxe (1757, in-4o), avait eu de Lolotte deux filles, « bien mariées depuis », toujours suivant Dufort.


    Diderot a fait allusion à cette liaison dans le dialogue intitulé : Ceci n’est pas un conte. La date du mariage de d’Hérouville et de Lolotte n’est pas connue.

  1. Pierre-Louis-Marie Maloët (1730-1810), médecin de Mesdames Victoire et Sophie, et plus tard médecin consultant de Bonaparte.
  2. Dans Roland, opéra, musique de Lully, paroles de Quinault.