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m’en dispense. Il n’y a pas à Versailles une intrigante qui vaille la peine d’être gagnée. Qu’irois-je faire avec ces femmes ? leur tri ? leur triste cavagnol ? J’ai deux personnes à ménager, le roi et sa maîtresse : je suis bien avec tous les deux. » Ce discours n’étoit pas d’un homme frivole et léger.

Au reste, ses petits dîners étaient fort bons ; Mercy[1], Starhemberg[2], Seckendorf[3], tous les trois ses gentilshommes d’ambassade, ou plutôt ses disciples, m’y traitoient avec bienveillance ; nous y causions assez gaiement, et un flacon de vin de Tokai animoit la fin du repas.

Un personnage tout différent du comte de Kaunitz, et plus aimant et plus aimable, étoit ce lord d’Albemarle[4], ambassadeur d’Angleterre, qui

  1. Florimond-Claude, comte de Mercy-Argenteau (1722-1794), ambassadeur d’Autriche à la cour de France de 1766 à 1790, dont les importantes correspondances officielles et secrètes ont été l’objet de publications dues à MM. d’Arneth, Geffroy et J. Flammermont.
  2. Georges-Adam, comte de Starhemberg, né à Londres le 10 août 1724, mort en 1807, ambassadeur d’Autriche en France de 1756 à 1766.
  3. Fils du feld-maréchal Frédéric-Henri, comte de Seckendorf (1673-1763).
  4. Guillaume-Anne Keppel, lord Albemarle, mort à Paris le 22 décembre 1754, d’une attaque d’apoplexie. De son mariage avec Anne de Lenox, fille de Charles II, duc de Richmond, il avait eu cinq garçons et deux filles. Selon le duc de Luynes (XIII, 415), Mlle Louise Gaucher, dite Lolotte, était « une fille considérée en Angleterre et dont on avait tou-