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divers caractères, citer de chacun les endroits qui m’avoient le plus frappé d’étonnement, ou rempli d’émotion, ou ravi par l’éclat et le charme de l’éloquence. Les deux hommes dont je parlai avec le plus d’enthousiasme furent Bourdaloue et Massillon ; mais le temps me manqua pour me développer ; ce ne fut que le lendemain que j’amplifiai leur éloge. J’avois tous leurs plans dans ma tête ; les extraits que j’avois écrits de leurs sermons m’étoient présens ; leurs exordes, leurs divisions, leurs plus beaux traits, jusqu’à leurs textes, me revenoient en foule. Ah ! je puis dire que ce jour-là ma mémoire me servit bien ; au lieu des deux sulpiciens de la veille, j’en avois trois pour auditeurs, et tous les trois, après m’avoir écouté en silence, s’en allèrent comme étourdis.

Le reste de nos entretiens (car ils ne me quittèrent plus aux heures de la promenade) s’étendit plus vaguement sur les plus belles oraisons funèbres de Bossuet et de Fléchier, sur quelques sermons de La Rue[1], sur le petit recueil de ceux de Cheminais[2],

  1. Les Sermons du P. de La Rue (1643-1725) pour le Carême et l’Avent ont été publiés par l’auteur en 1719, 4 vol.  in-8, et réimprimés en 1781 (Toulouse, Sens et Nimes, 4 vol.  in-12). Ils avaient été publiés dès 1706 sur des copies infidèles par le libraire Foppens, de Bruxelles, et remis en circulation sous le nom du P. Le Maure, prêtre de l’Oratoire, Bruxelles, 1734, 4 vol.  in-12.
  2. Les Sermons du P. Timoléon Cheminais de Mon-