Page:Marmier - Les Perce-Neige, 1854.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

salon, Vourmin entra et demanda des nouvelles de Marie.

— Elle est au jardin, répondit Pétrowna. Si vous voulez aller la chercher, je vous attendrai ici.

Le colonel sortit, et Pétrowna, faisant le signe de la croix, se dit : « Dieu soit loué ! j’espère qu'aujourd’hui tout sera fini. »

Vourmin trouva la jeune fille vêtue d’une robe blanche, assise sous un arbre, près de la pièce d'eau, avec un livre sur ses genoux, comme une héroïne de roman. Après quelques paroles insignifiantes, Marie rompit elle-même à dessein ce commencement d’entretien, afin d’amener par une sorte d’embarras réciproque le colonel à s’expliquer. En effet, Vourmin, sentant la difficulté de sa situation, lui dit que depuis longtemps il désirait lui ouvrir son cœur et qu’il la priait de vouloir bien l’écouter un instant. Elle ferma son livre et baissa les yeux en signe d’assentiment.

— Je vous aime, s’écria Vourmin, je vous aime ardemment !

Marie pencha la tête un peu plus bas.

— J’ai commis l’imprudence de vous voir, de vous entendre chaque jour. (Marie se souvint de la première lettre de Saint-Preux.) À présent, il est trop tard pour résister à ma destinée. Votre souvenir, le souvenir de votre douce et ravissante image sera désormais le tourment et la joie de ma vie ; mais j’ai un devoir à remplir envers vous. Il faut que je vous révèle un se-