Page:Marmier - Les Perce-Neige, 1854.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui ; il accéléra le pas de son cheval et arriva près d’une forêt. « Dieu soit loué ! dit-il, je touche à mon but. Je vais retrouver le chemin que je connais et je suis à Jadrino. » Il s’avança au milieu de la forêt dévastée par l’hiver. Le tourbillon de neige ne pouvait y pénétrer, la route était facile à suivre, le cheval se ranima, et Vladimir se sentit renaître à l’espoir.

Nouvelle illusion ; il allait, il allait, et ne découvrait pas Jadrino. Il était dans un bois immense qu’il n’avait jamais vu. Il aiguillonna son cheval. La pauvre bête prit le trot ; puis bientôt se remit obstinément au pas, malgré les cris et les coups de son infortuné maître.

Au dehors de la forêt ; pas la moindre apparence de Jadrino. Il devait être environ minuit. Vladimir pleura et se résigna à marcher au hasard. La tempête s’apaisa, les nuages se dissipèrent.

Le ciel s’éclaircit, devant lui s’étendait une vaste plaine au milieu de laquelle le pauvre voyageur aperçut un groupe de quatre à cinq maisons.

Il s’approche de la première qui se trouve devant lui, se jette en bas de son traîneau, frappe à la fenêtre. Quelques instants après, un was ist das en bois s’ouvre, et un vieillard y apparaît avec sa barbe grise.

— Que demandes-tu ? dit-il.

— Y a-t-il encore loin d’ici à Jadrino ?

— D’ici à Jadrino ?

— Oui.

— S’il y a encore loin ?