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En rentrant dans sa chambre, elle se jeta sur un fauteuil et fondit en larmes. Sa femme de chambre la conjurait de se consoler et de tourner son esprit vers des pensées plus riantes. Tout était prêt. Dans une demi-heure Marie devait quitter à jamais son foyer natal, sa chambre, sa paisible vie de jeune fille.

Au dehors la neige flottait en tourbillon, le vent ébranlait et faisait craquer les fenêtres. Tout semblait se réunir pour donner à Marie un présage sinistre. Cependant les habitants de la maison s’étaient endormis. La jeune fille s’enveloppa de son châle, mit sur sa tête une épaisse capote, et, prenant à la main sa cassette, franchit le seuil de sa porte. La femme de chambre la suivait avec deux valises. Elles descendirent dans le jardinet purent à peine le traverser. L’orage ne s’était point apaisé, et le vent soufflait contre elles, comme pour s’opposer à cette coupable évasion. Le traîneau les attendait sur le chemin. Les chevaux, aiguillonnés par le froid, frappaient du pied avec impatience, et le cocher de Vladimir les maîtrisait difficilement. Il aida la jeune fugitive à monter avec sa suivante dans la voiture, à placer à côté d'elles leur léger bagage, prit les rênes, et les chevaux partirent avec impétuosité. Mais laissons nos voyageurs poursuivre leur route sous la conduite d’un habile cocher, et retournons à Vladimir.

Tout le jour, il avait été en mouvement. Dès le matin, il s’était rendu chez le prêtre de Jadrino pour