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chants de guerre où éclate un vigoureux sentiment de courage et de patriotisme, des chants d’amour, les uns lestes et caustiques ; d’autres candides et tendres, des chansons de berceau et de fileuse d’une simplicité charmante :

Schlof Kindele, schlof,
Din Vaedder hinet die schof.
Dors, petit enfant, dors,
Ton père garde les moutons,
Ta mère secoue les arbres.
Il en tombe un petit songe.
Dors, petit enfant, dors.
Dors, petit enfant, dors,
Au ciel se promènent les moutons,
Les étoiles sont les agneaux,
La lune est le petit berger [1],
Dors, petit enfant, dors.

Avec ces naïves paroles ont été bercés des savants, des artistes, peut-être ces généraux alsaciens qui ont si vaillamment combattu pour la France : Kellermann, Kléber, Rapp, l’héroïque défenseur de Danzig.

M. Weckerlin a traduit fidèlement toutes ces strophes et ces couplets, prévoyant bien pourtant qu’il ne serait pas satisfait de sa tâche.

Par ses nombreuses voyelles, par la douceur de ses diminutifs, le dialecte populaire d’Alsace a une euphonie particulière. Il ressemble à l’allemannique, auquel Hebel a fait par sa prose et ses vers un si grand renom. Si exacte, si habile que soit une traduction, elle ne peut reproduire le caractère naïf de cet idiome ni son accent musical.

Mais M. Weckerlin ne s’est pas borné au travail de traducteur. Il a joint à ses chansons des notes instructives et une introduction où il signale par ordre de date toutes les illustrations littéraires de l’Alsace depuis saint Materne, le premier apôtre du pays, jusqu’à Schoeppflin, son savant histo-

  1. Le nom de la lune en allemand, der Mond, est masculin.