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vous en reviendriez peut-être en gardant un repos absolu.

— L’homme aux petits couteaux ne sait pas ce qu’il dit. Je sens que je dois mourir avant que le soleil monte droit au-dessus des arbres. Et tu crois, visage pâle, que le chef huron voudra bien expirer couché sur le dos, comme une femme, tandis que son ennemi mortel palpitera sous le couteau de mes frères ! Ah ! tu ne peux point lire dans le cœur d’un vrai Huron, si tu crois que le Renard-Noir n’aura pas la force d’aller voir le beau feu rouge manger les chairs et griller les os de la Main-Sanglante !

Joncas essaya doucement de le faire asseoir ; mais le Huron lui dit d’un air à fendre le cœur :

— Seul ami qui me reste au monde, est-ce donc toi qui va m’arracher le bonheur suprême de repaître mes yeux mourants de l’agonie du meurtrier de ma famille !…

Le coureur des bois passa son bras derrière le dos du Sauvage, et, le soutenant ainsi, sortit du fort avec lui.

L’astre du jour se levait radieux et poudroyait à travers les arbres.