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autour de Griffe-d’Ours, et occupés à le lier à un poteau qu’ils venaient de planter au milieu du fort.

M. de Sorel s’approcha d’eux et les supplia de laisser vivre le chef iroquois.

Les Sauvages gardèrent d’abord le silence et puis, sur le signal qu’en donna le Renard-Noir, qui était assis sur une poutre, ils se mirent à murmurer.

Le commandant voulut insister et leur représenter combien leur coutume était barbare à l’égard de leurs prisonniers de guerre.

Le Renard-Noir se leva, bien qu’avec peine, s’avança vers M. de Sorel et lui dit d’une voix creuse et tremblante :

— Le capitaine-blanc sait-il que cet homme — il montrait Griffe-d’Ours impassible — a massacré ma femme et six de mes fils ? Ignores-tu que cet Iroquois a tué de ses propres mains les robes noirs Echon et Achiendase ?[1] Ne sais-tu pas qu’il a causé la ruine entière de ma nation ? Et moi-

  1. Les Pères Brébeuf et Lalemant.