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« Dans l’automne nous étions là six ou huit mille misérables manquant de tout. Nos maux augmentèrent encore quand vint l’hiver. On vit des hommes, des femmes et des enfants décharnés se traîner de cabane en cabane comme des squelettes vivants pour y demander quelque chose à manger.

« Il en mourut bientôt par douzaine tous les jours. Les survivants manquant de plus en plus de vivres, se mirent à déterrer les morts pour s’en nourrir. Une maladie aida l’œuvre de la famine. Avant le printemps la moitié des exilés de l’île Ahoendoé étaient morts. Mon dernier fils atteint de la maladie horrible mourut entre mes bras, comme le printemps s’annonçait par la fonte des neiges. Je n’avais plus de famille et j’allais rester seul sur la terre !

« Quand les glaces furent fondues sur le lac, beaucoup de survivants affamés traversèrent à la terre ferme pour y chercher leur subsistance.

« Mais les Iroquois les y guettaient encore et les massacrèrent tous.

« On apprit dans le même temps que la nation des Tionnontates, chez laquelle plusieurs de nos familles s’étaient réfugiées