Page:Marmette - Le tomahahk et l'épée, 1877.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 36 —

l’endroit où Téanaustayé s’élevait naguère. Au lieu des cris de triomphe, des fêtes, des femmes joyeuses qui devaient nous accueillir à notre glorieux retour, nous ne trouvâmes que ruine, mort et désolation.

« C’était là que j’avais laissé ma pauvre Fleur-d’Étoile et ses sept plus jeunes enfants. Mes quatre fils aînés m’avaient accompagné aux Trois-Rivières. Silencieux, nous nous assîmes au milieu des restes méconnaissables de nos familles massacrées. Immobiles, la tête penchée, les yeux fixés sur les cendres encore fumantes de notre village, nous passâmes ainsi la nuit. Les larmes et les gémissements ne conviennent qu’aux femmes ; le deuil des guerriers doit être fier et calme.

« Le lendemain, nous allâmes nous réfugier dans le village de Tohotaenrat (Saint-Michel) qui était le plus rapproché de notre bourgade anéantie.

« Là, j’appris le sort de l’infortunée Fleur-d’Étoile. Elle avait réussi à se sauver dans les bois avec ses enfants, et s’était cachée dans un épais buisson où elle se croyait en sûreté. Les Iroquois chassaient les fugitifs