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anciens, se laissèrent surprendre par l’ennemi et la grande nation huronne fut écrasée, le peu qui en restait arraché du pays aimé de ses pères, et dispersé au loin comme les feuillages de la forêt sous le souffle puissant des vents de l’automne.

— J’ai entendu parler, en effet, des malheurs de votre race, dit Mornac qui ne raillait plus. Mais j’en aimerais bien entendre le récit de la bouche même de l’un des acteurs de cette tragédie. Cependant j’ai peur de réveiller vos douleurs en vous priant de me les raconter.

Le Huron réfléchit et dit :

— Le guerrier vaincu doit songer quelquefois à ses défaites pour en savoir éviter de nouvelles, et penser aux maux que lui ont faits ses ennemis pour ne pas oublier que la vengeance est douce au cœur de la victime tant qu’il lui reste encore un battement de vie. Mon fils est jeune et la parole d’un guerrier qui pourrait être son père par l’âge et l’expérience, lui sera d’un enseignement utile en lui racontant la ruine d’une nation autrefois maîtresse de ces contrées.