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Il la saisit d’une main nerveuse et la pressa sur ses lèvres qui se crispèrent après avoir laissé tomber ces derniers mots :

— Seigneur ! ayez mon âme… en votre sainte garde !

Le soleil se levait radieux, et ses premiers rayons caressèrent dans un vaste parcours la surface du fleuve géant.

Bienville parut en ressentir une impression bienfaisante ; ses yeux mourants recouvrèrent assez de force pour s’arrêter encore sur chacun de ses amis, dans un adieu suprême. Puis sa tête s’affaissa lentement et il mourut.

C’est ainsi que finit Bienville, blessé mortellement au service de la patrie ; appuyé sur un arbre, comme Bayard, et, ainsi que le chevalier sans peur et sans reproche, donnant sa pensée dernière à son Dieu.

La charpente de la maison brûlait jusqu’au faîte, et l’on voyait courir les douze Iroquois au milieu des flammes et de la fumée. On aurait dit des damnés se tordant dans le souffre embrasé de l’abîme éternel.