l’état des affaires à Montréal, et voyant le comte en colloque avec ses réflexions, s’adressa au jeune Bienville qui ne demandait pas mieux que de se délier un peu la langue après un bon repas.
— Monsieur de Bienville, lui dit le major, parlez-moi du général Winthrop et de son expédition contre Montroyal.
— Oh ! Winthrop n’est pas beaucoup à craindre, par le temps qui court.
— Comment cela ?
— Eh bien ! major vous savez qu’à la première nouvelle du projet d’incursion des Anglais, monseigneur le gouverneur était monté à Montroyal pour ordonner la levée générale des troupes et des milices. Nous étions donc douze cents hommes réunis à la Prairie-de-la-Magdeleine, tous brûlants du désir de nous escrimer un peu avec l’Anglais et de lui ôter, une fois pour toutes, l’envie de revenir à la charge, quand de singulières nouvelles nous arrivèrent du lac Saint-Sacrement.[1] Il s’agissait d’abord de jalousie entre les chefs de l’ex-
- ↑ Aujourd’hui le lac Georges.