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Les sanglots du vieillard redoublèrent, puis il tomba dans un état d’extrême prostration.

Quand les forces lui revinrent un peu, il vit que sa fille, endormie par le froid et la faim, s’était assoupie sur ses genoux. Il la déposa bien doucement dans son petit lit tout glacé, la recouvrit avec soin, et reprit sa place auprès de la table.

Les tiraillements aigus de la faim montaient maintenant de l’estomac au cerveau du vieillard exténué, et la lièvre des hallucinations se mit à faire tournoyer sa pensée comme une roue sous son crâne.

Il lui vint d’abord un désir de suicide, qu’un reste de raison, dont la lueur brillait encore dans un recoin de sa tête, lui fit repousser aussitôt.

Ce fut ensuite une idée de vengeance qui succéda à la première. Et les noms de Bigot, de Deschenaux et de Péan passaient sur ses lèvres avec de sanglants reproches et d’affreuses menaces.

Enfin le sommeil le prit et il s’endormit a son tour.