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mari de la conduire dans un autre fort. Elle lui représenta que puisqu’ils avaient été assez heureux d’échapper la première nuit à la fureur des sauvages, il ne fallait pas s’attendre au même bonheur la nuit suivante ; que le fort de Verchères ne valait rien, puisqu’il n’y avait point d’hommes pour le garder et que d’y demeurer c’était s’exposer au plus grand danger.

Mais le brave homme, secouant la tête, lui répondit :

— Je n’abandonnerai jamais le fort de Verchères, tant que mademoiselle Madelon y sera.

— Merci, Fontaine, lui dit mademoiselle de Verchères en lui tendant la main ; et, soyez convaincu que je ne déserterai pas non plus mon poste et que je saurai mourir plutôt que de le livrer à l’ennemi. N’est-il pas de la plus grande conséquence que ces barbares n’entrent pas dans un fort français ? S’ils allaient s’emparer de celui-ci ne jugeraient-ils pas des autres comme du nôtre, et leur insolence ne s’en accroî-