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deau, après avoir fait cette seconde sortie glorieuse à la face des Iroquois.

Cependant le jour tombe. À mesure que l’obscurité, montant de l’horizon, envahit le ciel, le vent de nord-est qui a commencé à souffler au coucher du soleil, augmente graduellement de violence. Les eaux du fleuve se soulèvent sous l’effort de la bise, et fouettés bientôt par un vent de tempête, commencent à bondir sur la grève avec une sourde et monotone clameur. Bientôt une neige serrée, mêlée de grêle, se met à tomber, voilant le fond grisâtre du fleuve aux regards anxieux des assiégés vainement fixés sur les eaux sombres, dans l’attente d’un secours. Du côté de terre, à travers le brouillard, on entrevoit de fauves lueurs, qui d’abord rampent sur le sol, et puis se dressent en s’élançant vers les nuages de neige qui vont s’empourprant au loin. Les Iroquois se sont répandus dans les environs, tuant les bestiaux, brûlant les maisons des habitants, saccageant tout. Du fort on peut entendre leurs cris de joie féroce,