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deux épinettes qu’il avait abattues et ébranchées durant la journée. Solidement liés par leurs extrémités et au milieu, ces deux arbres avaient été coupés d’une longueur à n’excéder que de quatre ou cinq pieds les rives du torrent.

Malgré le soin qu’il avait eu de choisir les plus minces qu’il avait rencontrés, le poids considérable de ces troncs verts avait forcé le canadien, pour les manier avec plus de facilité, de ne leur donner que la longueur absolument requise pour s’appuyer fermement sur les deux berges.

On les porta jusqu’à l’endroit indiqué par Lavigueur, qui fit placer, entre deux crans de roche qu’il avait avisés à dessein pendant le jour, le bout dont le diamètre était le plus fort. Ainsi retenus par leur extrémité inférieure, les deux arbres furent soulevés à force de bras et, après avoir décrit un demi cercle complet ; touchèrent de l’autre bout la rive gauche, sur laquelle ils s’abattirent avec fracas, en écrasant des sapins rabougris accrochés au bord de la berge.