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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Je suis envoyé par l’amiral Sir William Phips, pour traiter de la reddition de la place avec votre gouverneur, répondit l’Anglais avec suffisance.

— Harthing ! grommela d’Orsy ; et il serra les mâchoires pour arrêter au passage un énergique juron qui lui montait à la bouche.

— D’Orsy ! murmura de son côté l’officier britannique.

— Que dit votre anglais ? demanda François de Bienville à son ami.

— Il vient prier le gouverneur de capituler !

Les Canadiens accueillirent ces paroles par un immense éclat de rire.

— D’Orsy les fit taire d’un regard, et s’adressant au parlementaire :

— Si vous voulez voir M. le comte de Frontenac, il faut vous soumettre à ses conditions qui sont, de vous bander les yeux pour vous conduire au château Saint-Louis, et de nous suivre à terre sans votre escorte.

À ces paroles, le rouge monta à la figure du lieutenant Harthing qui répondit avec un emportement mal contenu :

— Remarquez bien, monsieur d’Orsy, que je ne viens pas en espion !

— Les ordres de M. le comte de Frontenac sont formels, répliqua froidement d’Orsy, et monsieur Harthing est parfaitement libre de retourner à son bord si ces conditions lui déplaisent.

Harthing se mordit les lèvres, et après avoir réfléchi quelques instants :

— Sachez au moins que je représente une nation, et, qu’à ce titre ma personne est inviolable.