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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

— Je ne parle anglais qu’à coups d’épée, monsieur le comte. Mais voici mon ami M. d’Orsy à qui cette langue est familière, vu son séjour dans la Nouvelle-York.

— En effet, j’oubliais, reprit le gouverneur. Eh bien M. d’Orsy, vous allez accompagner M. de Bienville en qualité d’interprète. Quant à vous, monsieur de Bienville, descendez en grande hâte, à la basse ville et allez au devant de cet envoyé, avec une escorte de trois canots montés par quatre hommes chacun. Si le parlementaire demande à descendre à terre, bandez-lui les yeux, afin qu’il ne remarque rien de l’état précaire de la place. D’ailleurs, ayez pour lui tous les égards possibles. Allez !

Bienville et d’Orsy saluèrent le gouverneur pour le remercier de l’honneur qui leur était fait, sortirent du château et descendirent à grands pas la côte de la Montagne.

Bientôt quatre canots laissaient la terre et se portaient vivement à la rencontre de la chaloupe anglaise, poussés qu’ils étaient par de vigoureux rameurs.

Les cinq embarcations se joignirent au milieu du fleuve, à mi-chemin entre la terre et la flotte.

— Ohé ! du canot ! cria Bienville, quand il fut à portée de voix du parlementaire ; puis il fit arrêter ses embarcations.

Stop ! commanda l’officier anglais à ses hommes. Et l’on s’arrêta des deux côtés en s’observant d’un air menaçant.

— Qui êtes-vous et que voulez-vous ? demanda alors en anglais Louis d’Orsy à celui qui commandait la chaloupe ennemie.