Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
FRANÇOIS DE BIENVILLE.

d’officiers qui se tenaient sur la poupe du navire commandé par Phips.

— Mais que font donc les plus petits bâtiments ? on dirait qu’ils veulent dépasser l’amiral.

— Ils rangent la côte de Beauport, monsieur le comte, afin, je suppose, de trouver moins d’eau pour leur ancrage.

Bienville ne se trompait pas ; car, les derniers, imitant la manœuvre de leurs aînés, avaient mouillé l’ancre près de la côte et commençaient à carguer leurs voiles.

— Combien sont-ils ? demanda froidement M. de Frontenac.

— Trente-quatre, monsieur le comte, dont, je crois, trois frégates et cinq corvettes qui tiennent le milieu du fleuve. Les autres, rangés près de la côte de Beauport, ne sont que des brigantins, des caiches, des barques et des flibots.

Suivirent quelques minutes de silence, durant lesquelles les yeux de ceux qui étaient sur la terrasse examinèrent avec anxiété les diverses manœuvres de la flotte anglaise.

Il était à peu près neuf heures et demie du matin lorsque la dernière voile disparut repliée sous ses cargues.

Alors Bienville s’écria tout à coup :

— Voyez vous ce canot qui se détache de l’amiral. Eh ! parbleu ! il doit y avoir un parlementaire à bord, car j’aperçois un pavillon blanc qui flotte à l’avant.

Dans ce cas, repartit aussitôt le gouverneur, il faut aller au devant de lui. Parlez-vous l’anglais, monsieur de Bienville.