Page:Marmette - François de Bienville, scènes de la vie canadienne au 17è siècle, 1870.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE CINQUIÈME.



aux armes ! aux armes !


Le lendemain du jour où les évènements qui précèdent s’étaient accomplis, le chevalier de Vaudreuil, — on doit se souvenir que M. de Frontenac l’avait envoyé à l’Île d’Orléans — ayant apporté la nouvelle qu’un mouvement inusité se faisait sur la flotte, on s’attendit donc à la voir bientôt paraître. En effet, le seize au matin, c’était un lundi, on aperçut les premières voiles qui semblaient planer au loin sur la Pointe-Lévis.

La ville qui, jusqu’à ce moment, était demeurée assez tranquille, s’émut tout à coup ; et un sourd bourdonnement parcourant bientôt toutes les rues, fit sortir les citoyens de leurs maisons, tandis que les femmes effarées mettaient la tête aux fenêtres.

Puis, ce bourdonnement s’enfla, s’enfla et se fit dans un instant clameur immense, pendant que la voix des cloches sonnant à toute volée lançait l’alarme aux quatre coins du ciel.

Alors, tout se fit bruit, tout devint mouvement.

« Aux armes ! aux armes ! Voilà les Anglais ! » telles étaient cependant les notes dominantes de tout ce vacarme, pendant que le son aigu des clairons, appelant les soldats aux armes, éclatait de temps à autre en cris stridents et prolongés.