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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

consigne. Le factionnaire leur ayant présenté les armes, ces derniers escaladèrent, tant bien que mal, un retranchement qui barrait, en cet endroit, la rue dans sa largeur, et continuèrent l’ascension de la montée.

Comme ils arrivaient au milieu de la côte, le cri d’une seconde garde arrêta de nouveau leur marche ; ils y répondirent et passèrent outre.

— Qui vive ! leur demanda une troisième sentinelle qui faisait faction à l’entrée de la haute ville.

— Vive Dieu ! s’écria celui des trois arrivants qui venait de donner le mot de passe, il paraît que l’on fait bonne garde en notre ville de Québec ! France et Canada, mon brave.

— Monseigneur le Gouverneur ! murmura le soldat, en présentant les armes.

C’était en effet le comte de Frontenac, qui arrivait de Montréal avec le sieur François LeMoyne de Bienville. Leur compagnon était M. Provost, major de Québec, dont il avait eu le commandement en l’absence du gouverneur.

Vers le coucher du soleil, on avait averti le major que l’on voyait un canot descendre au loin le courant du fleuve et s’approcher de la ville ; pensant que ce pouvait être le comte de Frontenac qui venait dans cette embarcation, M. Provost était descendu à sa rencontre afin de le recevoir.

À peine le comte eut-il passé la porte de palissades qui séparait la haute ville de la basse, qu’il fut accueilli par de joyeux vivat. Les habitants venaient acclamer au passage celui qu’ils regardaient comme leur sauveur dans la situation critique où ils se trouvaient depuis quelques jours, et dont nous connaîtrons bientôt la cause.