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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

pépites d’or aux yeux doublement surpris de Jean Boisdon.

La vue du précieux métal fit refluer le sang aux joues de l’avare, qui se remit d’autant mieux que Dent-de-Loup avait aussi rengainé son arme.

Poussant alors un soupir mélancolique.

— Pourquoi donc me menacer ainsi, demanda-t-il d’un air à moitié convaincu.

— Dent-de-Loup n’est pas l’ami des Français, répondit celui-ci, et si les faces pâles du grand village s’emparaient du pauvre Iroquois, il partirait bientôt pour les plaines sans fins du Grand-Esprit. Il lui faut user de ruse pour revoir son frère.

— Dent-de-Loup ! murmura Boisdon stupéfait de reconnaître l’ancien prisonnier du château.

— Oui, Dent-de-Loup qui te doit la liberté. Il ne l’a pas oublié ; il t’apporte du métal rayonnant pour te l’offrir en retour d’un service qu’il va te demander. Mais le guerrier est seul au milieu de ses ennemis, et il exige un peu de sûreté, acheva le sauvage, qui jeta vers la porte un regard significatif.

La seule pensée de palper encore quelques pépites rendit toute sa confiance à l’avare qui s’en alla verrouiller la porte et revint se placer en face de Dent-de-Loup.

— Que mon frère veuille bien m’écouter, fit le Chat-Rusé en montrant un siège à Boisdon, tandis qu’il en prenait un lui-même.

Boisdon redevint tout oreille.

— Dent-de-Loup a ramassé ces cailloux, dit le sauvage en montrant avec quelque dédain les pépites d’or qu’il tenait en sa main gauche, dans un vallon connu de lui seul.