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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

lorsque le soleil éclairait leur toiture, était la seule où l’on veillait encore, si l’on en jugeait d’après un jet de lumière qui, partant de l’intérieur, dormait paisiblement sur le pavé de la rue.

Le Chat-Rusé inclina la tête de côté et d’autre pour mieux écouter ; rien ne bougeait. Alors il traversa la rue et vint se blottir au dessous de la fenêtre éclairée.

En ce moment un petit grincement aigre, qui se produit au dessus de lui, le force à lever la tête ; et il aperçoit un objet qui se meut lentement au dessus de la porte. Il examine ce corps avec attention, s’assure de ses mouvements uniformes et fait quelques signes de tête qui annoncent le contentement intérieur qu’il éprouve sans doute en reconnaissant la nature de ce bruit. C’est l’enseigne de l’auberge qui gémit sur ses gonds rouillés.

Convaincu dès lors qu’il ne peut se tromper, Dent-de-Loup s’avance vers la porte en longeant la muraille ; mais au même instant cette porte s’ouvre et le reflet d’une lumière de l’intérieur se répandant sur le sol, laisse voir dans la rue l’ombre d’un homme qui se tient sur le seuil.

La tête du sauvage touche presque les pieds de celui qui se trouve ainsi debout à l’entrée de l’auberge.

Dent-de-Loup hasarde un coup d’œil au dedans de la maison. Il n’y a personne au premier étage.

L’homme qu’il voit près de la porte est donc seul, seul.

Alors l’aubergiste Boisdon, car c’était bien lui, voit comme une ombre surgir brusquement de terre, tandis qu’il sent cinq doigts d’acier se cramponner à son cou, et que la pointe acérée d’un poignard tâte sa poitrine.