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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

d’un jaune sale, et sur lequel les mots suivants étaient écrits en caractères longs et tremblants :

AU BARIL DOR
JEN BOIS DONC.

Cet affreux calembour avait attiré l’attention de l’officier anglais qui put aisément donner tous ces renseignements à Harthing. Mais, malheureusement pour notre lieutenant, son ami ne peut lui donner une réponse aussi satisfaisante au sujet de Louis d’Orsy, car ce nom ne lui était pas connu.

— N’importe, se dit Harthing en revenant chez lui, n’importe, j’en sais maintenant assez pour apprendre tout ce qu’il me reste à connaître.

Alors il s’empressa de dépeindre à Dent-de-Loup l’auberge de Boisdon, qui se trouvait sur la grande place et près de la cathédrale.

À mesure que l’Anglais avançait dans sa description, l’attention de l’indien semblait s’éveiller graduellement. Enfin, quand le lieutenant lui mentionna le baril jaune qui servait d’enseigne à l’auberge, le sauvage lui toucha le bras et dit :

— Les yeux du Chat-Rusé ont vu ce baril d’eau de feu suspendu à la porte d’un ouigouam.

En effet les Québecquois qui faisaient partie de l’expédition contre Schenectady, n’avaient eu rien de plus pressé à leur retour que de se rendre à la cathédrale, pour y remercier Marie sous la protection de laquelle ils s’étaient mis avant leur départ. Mais, comme ils n’avaient pu se défaire immédiatement de leurs captifs, ils les avaient amenés avec eux jusqu’à