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FRANÇOIS DE BIENVILLE.

de succès, la première surtout qui produisit une profonde et terrible sensation dans la Nouvelle-York.

Ces divers avantages commençaient à alarmer sérieusement les ennemis ; aussi nommèrent-ils, dans le mois de mai de l’année 1690, des députés qui se réunirent pour la première fois à New-York sous le nom de « congrès. »

L’envahissement du Canada par terre et par mer y fut décidé. Winthrop, à la tête de trois mille cinq cents colons et Iroquois, devait pénétrer chez nous par le lac Champlain, tandis que le chevalier Phips était chargé, à l’aide d’une flotte dont on lui donnait le commandement, de conquérir l’Acadie et Québec.

C’était presque un plagiat du plan de M. de Callières.

Nous avons dit comment le corps d’armée commandé par Winthrop se dispersa tout-à-coup, avant, même d’avoir touché notre sol ; quant à l’expédition de Phips, ce récit fera voir combien peu ses auteurs en retirèrent de gloire et de profit.

Nous avons aussi démontré plus haut que la mésintelligence de Winthrop et de ses officiers avait grandement contribué à faire échouer l’expédition de terre ; voyons un peu maintenant quel était l’homme qui devait commander la flotte chargée de prendre Québec.

William Phips était né à Pemmaquid vers l’an 1650. Le pauvre forgeron, père de ce fils, aîné de vingt-cinq frères et sœurs[1] ne se doutait certainement pas, à la naissance de son fils, quelle bonne fortune

  1. L’histoire donne en effet vingt-six enfants au père de Sir William.