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CHAPITRE QUATRIÈME.



l’espion.


Que l’on nous veuille bien permettre de placer ici, avant de suivre Dent-de-Loup dans son expédition nocturne à Québec, le court exposé des causes qui amenèrent contre le Canada l’attaque de 1690. Car il est bien temps d’expliquer comment une flotte anglaise se trouvait mouillée au pied de l’île d’Orléans le quatorzième jour d’octobre de cette même année.

Par suite de l’accession de l’Angleterre à la ligue d’Augsbourg contre Louis XIV, la Nouvelle-France allait avoir à lutter contre les colonies anglaises. On se battait là-bas, dans la mère-patrie, il fallait conséquemment s’entrégorger de ce côté-ci de l’Atlantique ; rien de plus logique alors. Tel fut pourtant le premier mobile de ces luttes si fréquentes qui désolèrent, dès leur naissance, les colonies anglaises et françaises de notre continent.

Mais comme le parti victorieux finissait naturellement par y trouver son profit, ces querelles entre les parents de la vieille Europe dégénéraient en personnalités chez leurs remuants enfants d’Amérique. Ils ne se battaient plus, en fin de compte, pour le bon plaisir de leurs auteurs, mais bien plutôt pour faire tort à leurs voisins et empiéter le plus possible sur les possessions ennemies.